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Samedi 24 novembre, 20h. Alors que mes congénères entament leur premier mojito, me voilà parti pour une soirée ciné. Bon ok c’est totalement faux ils se sont tous mis à la course à pied…alors que mes congénères entament leur première plâtrée de pâtes post dossard…moi je vais mater Montagne en scène. A quel moment ai-je changé au point de passer mes samedis soir à mater des mecs bouffer de la neige ? Bonne question… J’y répondrais peut-être un jour mais là n’est pas le sujet pour l’instant. J’avais hâte d’assister à mon premier Montagne en scène. Festival de film de montagne itinérant, c’est un peu le grand rendez-vous cinéma tchi tcha pour les passionnés d’outdoor…auquel j’essayais d’assister depuis quelques sessions. Mais les places partant plus vite que la billetterie de Marseille Cassis j’ai du m’armer de patience et attendre de débarquer à Annecy, au coeur des montagnes, pour pouvoir enfin assister à ma première projection.

J’y allais…en bonne touriste que je suis… sans regarder la programmation. Je savais seulement qu’il y aurait Kiki. Et pas de popcorns. De belles images et des gens un peu fêlés. C’était amplement suffisant… émerveillée à la moindre vidéo de montagnes, je ne suis pas très difficile il faut le dire. Quelques heures plus tard, j’en suis ressorti avec un gros coup de cœur. Pour Zabardast. Un film au nom un peu chelou, au réalisateur totalement barré et aux images incroyables. Tout pour plaire.

Zabardast c’est quoi ? Un projet fou entre l’himalayisme et le freeride. Là je perds la moitié de mon audience. Le quoi? Le freeride… un truc que tout le monde pratique ici mais que personne ne connaît à Paris. Oui.. il faut bien que je m’acclimate au dialecte local que veux tu. Le freeride grosso modo c’est partir sur du hors piste, la plupart du temps sur des délires qui feraient pâlir ta maman.

Bref je disais, Zabardast c’est une expédition pour grands malades, qui ne se contentent plus des cimes françaises et ont besoin d’aller tâter les hauteurs pakistanaises. En gros. Un projet complètement fou de 5 semaines au coeur du Pakistan, mais surtout très humain. Même si on n’aime pas la montagne, la neige, le grand froid, les descentes vertigineuses…Zabardast c’est avant tout un carnet de voyage un peu spécial qui nous plonge dans le ressenti des 5 aventuriers. Touchant, drôle, impressionnant…chacun vit l’expérience à sa manière et la narration nous embarque très vite dans le flow…au point de ne pas voir les 50 minutes passer. On s’attache finalement aux personnalités très distinctes. Le décor incroyable et l’esthétique splendide finissent par devenir des éléments secondaires, coiffés au poteau par l’humanité et les leçons de vie des protagonistes. Un ressenti très rare dans les projections outdoor où les figures et les paysages font la plupart du temps la part belle aux personnalités.

Zabardast film Pakistan

Synopsis Zabardast, de Almofilm et Picture Organic  :

À la recherche de l’une des plus belles montagnes à skier du globe, s’élevant à 5 880m. Une aventure humaine tellement isolée, tellement haute, tellement engagée qu’aucune erreur n’était permise. Pendant cinq semaines, le groupe composé de Léo Taillefer, Thomas Delfino, Zak Mills, Hélias Millerioux et Yannick Graziani, s’est enfoncé de plus en plus profond à l’intérieur du Pakistan, avec un circuit de 150 km à boucler en autonomie complète, tirant des luges remplies de vivres, de tentes et de panneaux solaires à travers de gigantesques glaciers. Loin, très loin de la maison. Une rencontre entre le Freeride et l’Himalayisme. Une véritable aventure.

INTERVIEW DE Jérôme Tanon, RÉALISATEUR

Hello Jérôme, peux tu tout d’abord me présenter rapidement ce projet ?

C’est Thomas Delfino ( snowboarder professionnel ) qui est à l’origine de cette idée. Il est tombé sur une photo, dans le livre “les plus belles montagnes du monde”. Celle de la Tour Nord de Biacherahi, au Pakistan. Quelques années plus tard après être parti en Alaska, il se chauffe. Un an avant la date de départ, il commence par appeler Léo puis Zak. Le projet est coûteux. Très alpinisme et extrême. A la recherche de sponsors, il a convaincu Picture Organic de financer l’expédition.

La vraie préparation à commencé de novembre jusqu’en mars. De mon côté j’ai contacté Hélias, guide de haute montagne. Qui a voulu amener un deuxième guide, Yannick Graziani. Il est déjà allé 15 fois au Pakistan, ça pouvait servir ! Almofilm a été chargé de la production du film. Initialement je devais m’occuper simplement de la partie photo. Finalement je suis devenu le photographe et le réalisateur de l’expédition. Du coup j’étais tellement à fond dans ce projet et son aboutissement que j’ai voulu tout gérer chez Almofilm. Le montage, l’arrangement, la musique etc.

A part Yannick et Helias on sent que les autres membres de l’équipe sont plus freeride qu’alpi. C’était donc un pari encore plus risque; Combien de temps de préparation, comment?

On s’y est vraiment mis environ 1 mois et demi avant : logistique, matos. Aucun de nous n’a fait de prépa spécifique, même si on a tout de même de bonnes bases. Moi, j’avais le genou pété donc physiquement c’était un peu compliqué… Comme quoi, tu peux y aller même sans avoir le physique de Kilian.  Faut juste monter en altitude doucement.

Zabardast Jérôme Tanon réalisateur

_Jerome Tanon réalisteur

Le plus dur pour toi, c’était plutôt le physique ou le mental?

Le plus éprouvant, ça a été le mental. Le manque de confort finit par peser sur le moral. Au point que certains mecs finissent par insulter leur luge parce qu’elle se retourne par exemple.
Et pourtant, il faut vraiment garder son calme. Tu n’as pas le luxe de t’énerver, même si tu es épuisé.

Qu’est-ce qui vous a motivé au fond dans ce projet? l’adrénaline, le défi, le fait que ce n’avait jamais été fait?

Franchement, on s’en foutait que la face n’est jamais été faite. Elle était tout simplement magnifique c’était ça l’essentiel. C’est la beauté de cette face, son esthétisme qui nous a poussé là bas. Après bien entendu c’est un mélange de tout, l’aventure, l’expérience, le Pakistan..

Est-ce que vous avez flippé ?

Oui. Même si on n’a pas joué avec la mort. On a voulu être le plus safe possible, bien suivre les conseils de Yannick. Le plus dangereux c’était l’isolation au final. Le sommet c’est presque une promenade par rapport aux autres parfois. Le plus flippant, c’était qu’il nous arrive quelque chose. Aucune autre expédition était en cours. Si ça tournait mal, on était dans la merde.

Zabardast_Thomas_Delfino_freeride

L’équipe semble plutôt bien s’entendre, même si on sent quelques affinités?

Il y a eu des tensions entre les rider et les guides. Les riders pensaient que les guides étaient comme des guides de Chamonix. Alors que les guides étaient là en tant qu’alpinistes pas comme des accompagnateurs qui allaient tout leur prémâcher.

Quel a été le moment le plus marquant?

La descente de la face. Moi je flippais, j’étais sur qu’il allait se passer quelque chose. Quand on a passé le col, ce moment charnière de l’expédition, on s’engageait à finir l’expédition.

A un moment, t’es tu t’es juste dit…mais pourquoi je me suis embarqué là dedans?

Non, j’étais juste trop content d’être là. Même quand j’étais mal. Le fait d’être 8 permet de créer une certaine inertie, un effet de groupe rassurant. Au final on est porté par le groupe, on a tous la même motivation, tous le même objectif : passer ce col !

le truc le plus dingue?
oui clairement, la plus engagée, plus haute, plus ouf

L’aventure au final… a été plus éprouvante a ton retour ! Combien d’heures as tu passé sur le montage?

J’ai du réaliser l’équivalent d’un travail de 6 mois en… 3 mois. J’avais eu l’idée des carnets de voyage, pour pouvoir retranscrire l’histoire à travers 6 voix off différentes. C’était dingue. Mais j’ai perdu beaucoup de points de vie.

Zabardast film Montagne en scène

Quel est l’objectif de Zabardast , son message ?

Je voulais vraiment faire revivre l’expédition à un spectateur. Qu’il soit pris dans le film du début à la fin comme nous, nous avions été pris dans l’aventure. Que tout soit vrai, brut, sans interview. Que tout soit chronologique pour lui permettre de monter en tension et de nous accompagner.

Je ne voulais pas en faire un film de ski, ou un documentaire. Mais plutôt un mélange de tous ces genres.

Je me suis inspiré d’un film de guerre de Terrence Malick, avec au montage la musique de Hans Zimmer. Puis on a tout fait à notre sauce, remixé avec  Jonathan Saguez qui a composé.

Zabardast

Zabardast

Et pour finir

…un souvenir dossier? A part le port de toque.

Quand les porteurs nous ont retrouvés en bas du glacier ils avaient amené du coca. On s’est jetés dessus, mais on avait les gueules tellement cramées et les bouches gercées qu’on a pu en boire qu’au prix de gémissements intenses digne d’une chèvre à l’agonie. On a pris des watts de l’enfer.

…Tu rêvais plutôt d’une bonne tartiflette ou d’un lit moelleux?

J’aimais bien mon tapis de sol et mon duvet franchement, donc je rêvais plutôt d’une grande salade tomate mozza chèvre chaud, avec frites et gratin dauphinois.

…Quels sont tes prochains projets

Je vais reprendre ma vie de photographe et faire des photos de snowboard cet hiver, ensuite je rêve de vacances : )

Réalisateur : Jérôme Tanon
Production : Almo Films et Picture Organic Clothing
Durée : 50 minutes

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