Avec le livre, les semaines de boulot bien chargées, et les entraînements pour le Trail du Verbier qui continuent…ça faisait un petit bout de temps que je n’avais pas fait un CR de course dis donc. Les bonnes choses se perdent. Mais comme tout compte rendu vient à point à qui sait attendre, je me remets ce soir à l’action pour te faire vivre cette Marathon Race épique, ces 40kms, ou 41, ou 40,5 anthologiques… quand on aime le D+ on ne compte pas (il paraît). Moi je les ai compté ces kilomètres. Je ne vais pas te spoiler la fin, je l’ai suffisamment fait avec le dernier épisode de GOT, mais certaines courses passent à la vitesse de l’éclair, d’autres ressemblent plus à un long chemin de croix.
La Marathon Race 2019, un lac, deux bouchons, une drama queen
Récapitulons, avant de sombrer dans le drama, les larmes et les bonbons Powerbar. La semaine dernière avait lieu la Marathon Race, un trail de 41km et 2500D+ qui fait partie des nombreux formats proposés par la Maxi Race. Depuis le temps que j’en rêvais ( oui même mes rêves sont un peu maso) j’étais aux anges de participer à cette course, en étant en plus cette fois-ci à domicile. Enfin j’étais aux anges… quand je me suis inscrite. A quelques heures du départ je faisais moins la maligne.
Tic Tac Tic Tac, les veilles de départ comme on les aime
…19h
…l’heure du plat de pâtes
…j’ai pas lu un article qui disait qu’il fallait arrêter les pâtes la veille?
…oh et puis merde, de toute façon j’ai que ça
…ils me font chier à changer d’avis tous les jours, pâtes, riz, personne n’est d’accord. Bientôt on va nous conseiller une cure de pruneaux la veille, ça mettra tout le monde d’accord
…bon du coup si je mange à 19h, d’ici 22h j’aurais digéré, et au lit.
Bien entendu, même si ton réveil est réglé à 3h, enfin rectifions même si tes réveils sont réglés à 3h00,3h05,3h08 et 3h12…tout ça avec une alarme à faire décoller les tympans de tes voisins…tu vérifies une énième fois que par un acharnement du sort ton téléphone ne soit pas soudain aphone ou en grève. La nuit passe tant bien que mal, tu as beau te répéter en boucle que le sommeil est fondamental et que tu ne joues pas ta vie tu arrives à peine à fermer l’oeil. Morphée l’emporte finalement, pour quelques minutes seulement puisque ….
Ta putain d’alarme fonctionne parfaitement bien. Tu es bien réveillée, sourde mais réveillée.
SAS, ce grand rassemblement de masos.
Ils sont là, les 2000 grands malades qui ont décidé un jour de s’inscrire à cette course. Bon tu te sens un peu moins seule entourée de tous tes congénères qui n’ont rien de mieux à faire un dimanche matin, 5h, que de se greffer à la queue devant ces toilettes à l’hygiène déjà douteuse. Les traces d’oreillers sont encore bien présentes, les regards un peu fatigués mais au final on est tous là amassés dans le jour naissant pour s’éclater… non?
…Oh Cécile !
…Youhou
( Oui c’est toujours le bonheur de rencontrer par hasard une connaissance, l’ascenseur émotionnel grimpe encore d’un cran).
…Ah oui tu as déjà fait 40 kms hier ! Et tu rempiles aujourd’hui?
…Hum hum
Du coup tu te sens tout de suite 1. petite joueuse,vu que toi hier tu as “juste”marché 10kms pour aller chercher ton dossard et 2. un peu plus saine d’esprit vu que tu ne t’embarques pas encore dans ce genre de grand périple.
…Oh putain mais on part là. Ok ok, ok je ne suis pas prête. Allez la montre, capte vite. Go!
C’est quand qu’on grimpe?
… Pfiou je me sens bien là
… Mais c’est plat quand même?
… 4kms de plat! Olalala quand est-ce qu’on monte un peu !
… hum profite profite, ça va grimper t’inquiète pas
…qu’est-ce qu’il a le monsieur là?
… bin oui je te double mon coco, et alors?
… c’est bon fais pas le vénèr, t’as 39kms pour me doubler, ça va bien se passer !
C’EST PARTI…
… Ah enfin la montée
… Je vais bien rentabiliser mes bâtons youhou
… Par contre le mec devant moi est sérieux
… Vas-y éborgne moi, je te dirais rien
… Mais enlevez lui ces bâtons à ce fou furieux !!!!!!
…OU PAS !
… Oula il se passe quoi?
… ça n’avance plus ?
… Déjà?
… Allez hop un petit bonbon au coca !
… Ah non les mecs je viens de retirer ma veste, je vais crever de froid là.
… On se bouge, allez !
Et oui, premier bouchon à environ 8 kilomètres. Un lonnnng moment d’attente pendant lequel certains participants “doublaient” ceux qui faisaient sagement la queue en s’engageant par la forêt. Pas très fair et un chouilla limite pour le respect des chemins. Pendant ce temps là je papotais joyeusement avec Marie, transformant cette première montée en salon de thé.
ON EST CHAUUUUD BOUILLANT
Le bouchon enfin décanté, c’est reparti pour la montée. J’ai encore du mal à comprendre pourquoi celui-ci s’était formé puisque le terrain ne présentait pas de difficulté réelle, mais passons, on va mettre ça sur le fait qu’à 6h30 du matin nous n’étions pas tous frais et réveillés.
…ouuuuuf le haut de la montée
…alllez gogogo
…je kiffe mes bâtons
…j’aime les descentes
…le trail c’est géniiiiial
…de la boue
…allez hop la boue
…poussez-vous j’arrrrrive
ENFIN, PAS TROP NON PLUS
…ah ouais dur la montée là
…ça me semble moins difficile quand je monte au chalet de l’Aulp d’habitude
…allez met tout sur tes bâtons
…j’ai vraiment pas de bras
…pourquoi tout le monde me double en montée, c’est chiant !!!
…à quoi ça sert d’avoir des cuissots de mammouth s’ils ne me font pas monter vite
…remboursée
…ok là on est en haut !
… gogogo
LE FAMEUX BOUCHON DE LA MORT QUI TUE SUR LA MARATHON RACE
…la boue
… mais la boue
… c’est pas possible là, ce ruisseau de gadoue
… ok cramponne toi
… oh du soleil
…mais
…mais
…c’est quoi ça?
18 kilomètres. Après avoir passé des terrains boueux et bien glissants apparemment au loin, tout en haut du parcours avant le passage de l’Encrenaz un énorme agglutinement. Plus je monte plus je réalise le nombre de personnes qui attendent, et le fait que ce bouchon risque de durer un petit moment. Heureusement je croise Anne-Cécile :
…hey je vais être sur une story de Cam Dewoods
…et oui… ton cul plus précisément va être sur une de mes storys.
C’est l’occasion de papoter gaiement tout en montant petit à petit histoire de rejoindre l’attroupement digne d’un premier jour des soldes.
« …hey tu as l’air de bien t’acclimater à Annecy ? »
C’est toujours marrant de croiser des gens qui te connaissent sur une course. Les premières minutes sur ce bouchon passent vite, le temps de papoter avec Benoît. On taille à nouveau la bavette, je reconnais aussi Hugo au loin avec son papa. Bref l’ambiance est plutôt bon enfant… on est tous dans la même galère, c’est dimanche, il fait beau, le paysage est magnifique et aucun de nous ne se battait visiblement pour un podium. Bon par contre cela finit par durer un peu longtemps, très longtemps. Le passage avec cordes est étroit, les gens n’avancent pas vite, je revois des décennies passées dans le métro parisien à jouer des coudes pour me faire une place. Le trail, les grands espaces…
ON PEUT Y ALLER MAINTENANT?
C’est finalement mon tour, je suis soulagée de pouvoir enfin repartir. Oui mais voilà, je me suis refroidi. Vraiment. J’ai la chair de poule, je me sens mal, c’est le moment de ressortir la veste. Je passe le passage, remonte puis trottine enfin dans des passages enneigés. Le paysage est superbe, et ça fait du bien de pouvoir avancer !
LE RAVITO ! LE RAVITO
…mais c’est quoi cette descente !!!
… je crois que j’ai perdu un ongle de pied
… j’en suis sûre
… je le sens
… ah non, ça doit être un caillou
… putain de petit caillou de merde
… oh je me sens bien
… j’aime les descentes
… bim bam boum c’est moi que v’la, je te dépasse.
… olalaa
… mais elle est interminable cette descente par contre
… il est quand le ravito ?
… bientôt là
… bientôt, bientôt, bientôt
… oh putain ma cheville
… oh la vache, mes quadris
… j’aurais jamais dû descendre aussi vite
… oh putain mes quadris
… oh l’erreur de débutante
… ENFIN ! du plat
… ENFIN ! le ravito
… des pizzas, des quiches.. ?
… non mais les mecs vous voulez pas me faire bouffer un cassoulet non plus !
… allez deux Tuc et ça repart.
Comme d’habitude sur des trails longs l’alimentation pose rapidement problème. Après avoir avalé quelques bonbons Powerbar et Stimium je commençais à avoir envie de sucrer. Deux Tuc, un bout de fromage… c’était le max que je pouvais avaler. J’ai malheureusement rapidement payé le prix de ma nutrition un peu minimaliste 🙁
ENCORE 12 KILOMÈTRES… ET MERDE
…Oula j’ai la nausée
…Il faut que je boive
…me sens pas bien
…quel enfer
… Hey coucou Seb !
… Trop cool de se croiser
… Oui oui ça va
… Enfin moyen
(enfin ça va pas du tout mais on ne se connaît pas assez pour que je pleure dans tes bras).
Le trail c’est aussi l’occasion de rencontrer un peu tout le monde ! Et quel bonheur de croiser Seb, de Trail Session, alors que je commençais un peu à douiller. De quoi faire passer un peu plus vite les prochains kilomètres jusqu’à…
… putain la montée
… cette montée de bâtard
… elle est interminable
… accroche toi à tes bâtons
… non mais pourquoi j’aime le trail
… pourquoi j’aime le sport
… pourquoi je suis là ?
… j’en peux plus
… mais elle va se finir un jour ???
… j’ai plus d’eau
… mon dieu j’ai plus d’eau
… je vais finir lyophilisé
… je vais pas pouvoir tenir 8 bornes sans flotte
… sois forte
… encore de la montée
… et la nausée
… c’est pas possible
… pense à ce que font les gens normaux un dimanche
… je pourrais être au bord du lac
… entrain de me la couler douce
… j’ai soif
…c’est fini?
… on a fini la montée
… ah non
… désespoir !
… bon le bénévole a dit que c’était bientôt la fin de la montée
… depuis quand tu crois les bénévoles toi?
DRAMA QUEEN DE LA MARATHON RACE
…mais qu’est-ce que je fous là
… j’ai plus de quadri
… je hais les descentes
… je hais le trail
… plus jamais
… plus jamais !
Je dois avouer que les derniers kilomètres ont été mentalement très compliqués. De grosses douleurs aux quadri, les pieds défoncés…un moral au plus bas. Beaucoup de monde qui me doublait en descente ( alors que c’est la plupart du temps mon point fort). J’ai vraiment serré les dents pour aller jusqu’au bout mais sans plaisir et avec beaucoup de fatigue.
La Marathon Race en bref
Avec un peu de recul je dirais que la Marathon Race figure dans mon top 3 des pires trails de ma vie… je n’ai pas eu de mental sur plus de 15kilomètres, de gros problèmes digestifs et les chevilles qui partaient beaucoup en cacahuète. Certes les deux bouchons qui nous ont bien cassé dans notre rythme ont joué mais pas que… j’ai eu beaucoup de mal à m’alimenter et les gommes sont intéressantes mais non suffisantes. Je dois d’ici mon 73kms réellement me forcer à avaler des aliments plus consistants car c’est sur beaucoup de trails une grosse difficulté !
Points positifs de la Marathon Race
- La Marathon Race fait donc partie des courses de la Maxi Race. C’est l’occasion de participer à un weekend hyper festif, tout le monde peut trouver un format qui lui convient… bref le genre de rendez-vous assez prisé où l’on retrouve pas mal de têtes connues.
- Le parcours est vraiment canon, il promet de belles vues sur le lac, des terrains variés
Points négatifs de la Marathon Race
- Cette année a été marquée par des bouchons vraiment regrettables. C’est peut-être l’occasion de papoter avec ses petits copains mais à force cela casse beaucoup le rythme et refroidit pas mal. C’est effectivement un gros point noir sur l’édition 2019
- Les ravitaillements…assez light pour l’envergure de la course. Ne pas avoir d’eau à partir du 23ème km était assez difficile pour moi, sachant que je n’avais aucune assistance et que je bois comme un trou. Même si cela n’était pas une surprise, l’organisation de la Maxi Race avait prévenu les participants en amont, nous étions beaucoup à souffrir de ce manque de ravitaillement sur les derniers 10 kilomètres.
J’adore vraiment ce CR et ta façon de dédramatiser tout
Bisous ma cam !!
Deux bouchons ça en faisait au moins un de trop. Heureusement que la météo était clémente, les mêmes bouchons par mauvais temps, ça aurait pu être limite dangereux, non ? Sûr que ça interpelle les non-connaisseurs cette histoire de bouchon ! Et que ça doit casser un rythme pas forcément facile à trouver. Mais bravo pour le mental qui lui, contrairement aux chevilles, quadri… est toujours là.