J’ai toujours suivi les règles. Rien ne sert de jouer les rebelles de seconde zone lorsqu’on a été un bon petit soldat tout au long de sa (courte) vie. Les études, check. Les petits boulots check. Le CDI check. L’appart à Paris check. Sur l’échelle sociale définie par la société je m’en sors plutôt bien. Pardon. Je m’en sortais plutôt bien. A l’aube de mes 30 ans j’avais un CDI, plutôt bien payé. Assez bien payé pour louer un appartement à 5mn de la Tour Eiffel. Au 7ème étage sans ascenseur. Mais chut.. gardons le rêve parisien intact. Je pouvais grâce à ça me réveiller très tard pour prendre le départ de certaines courses, comme Paris Versailles ou La Parisienne. Dans une vie de coureur c’est un luxe, je t’assure.
J’ai un pseudo statut d’influenceuse qui me permet de bouffer à l’oeil des avocado toast dans tous les events de Paname. Même si à chaque fois je ne peux m’empêcher de me faire la réflexion que ce n’est vraiment, vraiment pas écolo et qu’il serait bien que toutes les blogueuses du monde arrête de bouffer des avocats et rendent les poireaux sexy, l’écologie leur dirait merci. Mais ça c’est un autre sujet. J’aime ma famille. Je ne m’ennuie pas. En réalité, je finis par avoir tant d’activités, de potes, de rendez-vous, événements que mon agenda ferait pâlir un tétris. Et que l’ennui est un luxe qui me fait parfois de l’oeil. Bref, je suis devenue la caricature de la jeune cadre dynamique parisienne ayant fusionnée avec une influenceuse 3.0. Tout le monde se demande comment j’arrive à faire matcher 10 vies. Alors que je me suis simplement réveillée un jour en me demandant si dans l’une des 10 je prenais réellement du plaisir, au fond. Si dans toute mon hyperactivité parisienne je ne m’étais pas un peu perdu en chemin, au détour d’une station de métro et d’un événement spécial brassière.
Aujourd’hui, pour la première fois de ma vie, je sors réellement de ma zone de confort. Je fais un saut périlleux en avant dans le grand bain, sans savoir ce qui m’attend. C’est une situation aussi excitante que stressante. C’est totalement contre nature pour quelqu’un comme moi, contrôle freak du quotidien. Etant plutôt du genre à réaliser des todo heures par heures… j’ai beaucoup de mal à réaliser dans quel pétrin / super aventure je me suis fourrée. Même après deux semaines, mon cerveau ne réalise toujours pas l’embargo auquel il a été confronté sans avoir été consulté une seule seconde.
Comment se retrouve t on à quitter sa petite vie de cadre dynamique parisienne pour aller tenter sa chance au fin fond des montagnes (n’abusons pas, Annecy c’est pas non plus Trifouillesleschèvres…mais la sentence est plus dramaqueen comme ça)? Tout ça sans fumer quoi que ce soit d’illicite et sans pulsions suicidaires diagnostiquées?. Je t’en parlerais certainement plus tard. Mais pour tous ceux qui m’envoient des messages dithyrambiques je me suis fendu d’un petit article VIS MA VIE et surtout TORPILLE MA VIE pour leur donner selon moi les 3 réflexions à vraiment intégrer avant de changer de cap et de passer à bâbord.
3 réflexions avant de changer de vie
1ère règle. Sortir de sa zone de confort, pour une durée indéterminée ça fait mal!
C’est toujours sympa les mantras que l’on voit sur instagram. Les autocollants offerts par My Little Paris à coller sur ton pc. Tu les vois certainement fleurir un peu partout dans ton quotidien. Le matin tu savoures ton café en matant la porte de ton frigo où te nargues ton petit magnet “ Don’t let dream always be dreams”. Dans le métro ton pote qui a tout planté pour élever des charolaises t’agresse lui aussi avec une photo sous-titrée “ La vie commence là où votre zone de confort s’arrête”. Tout ça a l’air tellement génial. Nous sommes entouré de personnes extraordinaires. De publicités qui nous apostrophent “ Just do It”. “ Sois le héro de ta vie”. Pour te vendre la nouvelle voiture tout terrain ou la lessive hyper puissante tout est bon pour te faire gober que l’aventure c’est juste ouffissime.
Sauf que l’aventure lorsque tu commences à passer tes soirées sur le boncoin à chercher des appartements c’est beaucoup moins sexy. L’aventure quand tu finis par t’interroger sur ton futur, sur le pourquoi du comment, sur ton avenir, ta carrière, c’est un peu plus stressant. Bref l’aventure c’est génial. ça donne envie, mais lorsque tu te fais refouler par une énième agence qui te dit “ma mignonne, tu es bien brave mais sans CDI tu dormiras en haut du mont Semnoz démerde toi”, là tu commences à comprendre que la société n’apprécie pas forcément les aventuriers du quotidien. Et qu’il va donc falloir ramer à contre courant.
Bref es-tu prêt à tout risquer et à prendre l’autoroute de l’inconfort pour une durée indéterminée?
Alors avant de tout planter, de passer à l’action, de planter ta vie demande toi juste si tu es prêt à quitter ton confort. A véritablement le quitter. A repartir de zéro. Voir à régresser. A faire une croix sur certains acquis qui ne le seront peut être plus. A inspirer longuement et ravaler ton amour propre. Bref es-tu prêt à tout risquer et à prendre l’autoroute de l’inconfort pour une durée indéterminée?
2ème règle. Accepter les compromis, le retour en arrière
Tu as bien intégré la phase numéro 1. Ok dac, je vais en baver, c’est compris mais le jeu en vaut la chandelle. Je suis sûre que tout va bien se passer. C’est le projet de mes rêves, la ville de mes rêves…dans les contes de Noël diffusé sur M6 ça finit toujours bien pour les gens comme moi. Ah bon? Tu t’es donc pris pour l’Indiana Jones de ta vie. Très bien. Tu es donc sûr que tout va marcher sur des roulettes et que le fait de sortir de ta zone de confort va forcément t’amener sur le boulevard du succès. Très bien. On en reparle.
Partir pour l’aventure c’est aussi accepter que le voyage apporte d’autre questions et pas forcément de véritables réponses, ou partiellement. Je n’emploierais pas le mot échec. Car toute expérience nous forge et nous permet d’avancer. Sauf peut être l’expérience légume qui consiste à mater des séries Netflix toute la journée, et apportera difficilement un bilan exploitable. Toute expérience est bonne à prendre et à vivre. Si l’on est convaincu qu’on a besoin de prendre ce chemin à un moment de sa vie alors allons y… Mais il faut juste accepter que ce chemin est peut-être une impasse. Peut-être un foutu passage plein de ronces. Qu’il faudra peut-être faire demi-tour. Peut être prendre une autre direction. Que notre GPS risque de nous planter puisqu’on rentre en zone dangereuse. Et qu’il va donc falloir se guider à la frontale dans l’obscurité de l’inconfort. Alors voilà, personne n’aime revenir au point de départ, mais il vaut mieux parfois s’engouffrer dans une impasse plutôt que de passer ses journées à se demander si c’était en réalité l’autoroute de sa vie.
conduis toi en explorateur et non en conquérant
Mon conseil est donc assez simple, conduis toi en explorateur et non en conquérant. Et tiens toi prêt à revenir la queue entre les jambes et à accepter que parfois les rêves peuvent aussi rester des rêves, et ce n’est pas dramatique ! Mais que dans tous les cas si tu as tout fait pour que ça fonctionne, tu reviendras grandis et le chemin t’aura forcément apporté du positif.
3ème. Etre en paix avec soi-même, accepter son choix
Il y a 10 ans, je ne rêvais que d’une chose …quitter ma cité du 91. Pas te quitter toi, maman ( je vais finir par me faire répudier) mais quitter le rythme que j’avais à cette époque. Ne plus avoir à me farcir 1h30 de RER pour aller bosser en alternance. Les aller-retour “ à la capitale” pour sortir avec mes potes. Bref vivre à Paris était tout simplement mon rêve numéro 1, pour lequel j’étais prête à travailler encore et toujours.
Moi? Aller m’enfoncer dans les montagnes? Il y a un café Oz là-bas? Une boîte de nuit… quelque chose où je peux danser au moins. Globalement mon ancienne moi n’aurais pas du tout adhéré avec ce plan de vie que je lui prépare. Elle resurgit parfois, se demandant bien ce qui m’arrive et si je suis bien sûre sûre de ce nouvel accès de folie. Elle a accepté mon époque rock. Mon époque survet lotto. L’époque où je ne sortais pas sans talon. Et maintenant me voilà accro au legging et au beurre d’amande. L’ancienne moi finit par s’y perdre, elle venait à peine de s’habituer au régime mojito que je l’envoie quelques années plus tard à des années lumières de sa vie citadine.
Sortie d’école de commerce j’avais une double ambition. Vivre à Paris. Et me faire plein de thunes. Devenir responsable. Avoir plein de gens sous mes ordres. En école de commerce on te bourre un peu le mou sur ton statut d’élite qui va rafler des oscars à chaque powerpoint. En réalité lorsque tu sors, tu es tout simplement confronté à la réalité. Des élites aux dents qui rayent le parquet comme toi, il en sort 400 par promo et par école. Fais le calcul, ça fait beaucoup de requins qui sont prêt à te dégommer pour un poste. Mais tu t’en fous parce que toi tu es l’élu, et ça va bien se passer.
Effectivement ça se passe plutôt bien. Tu es capable de bosser. Jour et nuit. Et week-end. Malgré ton contrat de 35h. A non 39h. Mais tu es jeune et tu as donc toute ta vie pour profiter. On a dit toute ta vie, mais pas maintenant grande malade. Ta vie commencera quand tu auras fait tes preuves. Et tes preuves il te faudra quelques années pour les faire. Alors tu continues et tu bosses bien. Pour y arriver. Arriver à quoi? Je te l’ai déjà dit…suis un peu. Le bel appartement, à Paris, avec le beau CDI et le super compte en banque. Voilà. On y est.
Sauf que. 30 ans devait être l’âge de l’apothéose. Celui où tu réunis toutes les cartes du Monopoly. Et là tu quittes la partie. Accepter que le jeu auquel tu jouais n’est pas celui qui te convient est une chose. En partir en est une autre. L’assumer sur le long terme est très difficile.
Ne pas vouloir la même chose que ton entourage. Se mettre dans une situation “précaire” à l’âge où tout le monde investi. Se foutre en coloc après avoir claqué la porte de ta dernière 5 ans auparavant. Tout ça n’est pas facile à accepter. Pour soi-même. Parce qu’au final la personne qui sera le plus difficile à convaincre sur le long terme et à accepter ce changement ce sera toi. Les autres accepteront toujours un jour ou l’autre ce genre de décision, ils te délocaliseront juste sur la case “fêlé” du morpion de leur vie. Mais toi par contre il faudra l’assumer de bout en bout.
la personne qui sera le plus difficile à convaincre sur le long terme et à accepter ce changement ce sera toi
Il t’arrivera forcément de long moment de solitude et de galères devant lesquels tu te diras “ putain mais qu’est-ce que j’ai fait”. Et tu te rendras vite compte qu’il va falloir apprendre à être en paix avec toi même et mettre tes 15 personnalités d’accord. De la plus flippée à la plus cartésienne en passant par la personnalité prudente en syncope il va falloir apprendre à se préserver. Alors prépare toi à l’avalanche de doute et au feu d’artifices de remise en question. Car lorsqu’on sort de sa zone de confort on se pose beaucoup, beaucoup de questions.
3 réflexions avant de changer de vie…ce n’est que le début !
Voilà. Pour clôturer cet article je dirais que j’entends beaucoup de témoignages de fatigués du quotidien. De personnes qui veulent tout plaquer, tout quitter. Ce n’est certainement pas moi qui remettrait en question cet envie de changement et de bouger les choses. Je suis persuadée que la société et le monde du travail notamment n’ont pas encore su s’adapter aux changements sociétaux et aux envies de chacun de se réaliser au quotidien. Mais je pense que ce genre de décision paraît toujours facile. De loin. Limpide. De loin. Et lorsque cela finit par nous impacter tout de suite la donne change. Alors pour tous ceux qui me contactent et souhaite changer de vie, respirez un bon coup et demandez vous si vous êtes prêt à assumer la suite. Si oui… Foncez !
Et bien !!! Moi je dis qu’il faut un sacré courage (version soft 😁) pour faire ce que tu as fais. Bravo. Nous sommes nombreux je pense à se dire allez j’en ai marre de cette vie, je repars de zéro. Mais très peu à le faire. Je te souhaite pleins de bonnes choses dans ta nouvelle vie.
Merci Christophe c’est très gentil 😀
Toujours au top tes articles cam ^^ Je suis en phase de réflexion changement aussi perso (quoique pas aussi drastique que toi;p) mais c’est bien de voir des doutes/réfléxions similaires à ceux qui m’assaillent avant même d’avoir sauté le pas écris noir sur blanc. ++ bise
Merci Mathis !
Ahah je pense qu’on ne peut pas faire plus drastique ^^ Super si ça peut t’aider… et j’espère que tu arriveras à y voir rapidement plus clair 😀
Plaquer Paris à 30 ans pour vivre au bon air, ce projet me semble légèrement familier. Avoir rêvé de Paris pour la quitter 7 ans plus tard… avec 1 enfant et 2 en cours de cuisson, certes, c’était un peu différent. Mais passer de Bastille aux rues vides du Croisic en novembre et se demander… oh p** mais qu’est ce que je fous là ? Et surtout vivre l’isolement amical. (La coloc, ça peut être pas mal…)
Revenir, j’y ai pensé 1245 fois. J’ai même regardé des annonces immobilières. Au début, revenir meme en week-end me faisait de la peine. Et puis j’ai trouvé le running, la mer, quelques amis. J’ai considéré paris comme une ville de loisirs et de liberté. J’y retourne 2 ou 3 fois par an, pour respirer le CO2 … et repartir à la mer. Parfois je pense à mon prochain changement de vie… à 41 ans, on n’a pas fini de se réinventer.
Bravo Camille pour cet article très bien écrit. Tu es partie avant de sombrer de l’autre côté du burn out. Que tu y retournes ou pas, tu auras changé pour toujours.
J’aime ces RDV avec ton blog. Parce que tu écris vraiment bien et que tes articles à rallonge me passionnent autant qu’un Harry Potter (#teamGryffindor #jeveuxjouerduquidditch #elleestoùmabaguette) <3
C'est tellement courageux ce que tu as fais et pourtant tellement une évidence. J'ai plaisir à penser que tu t'es retrouvée dans tes montagnes parce que ouais… c'est tes montagnes maintenant !
Je pense que dans notre vie, on a souvent des coups de mou, des envies de tout plaquer et se casser.
Sauf que ça passe et on finit par accepter notre situation. Mais toi, ce n'était pas une passade. Et si moi, petit nem, qui ne te voyait que trop peu te le dit, c'est que ça se voyait en plein sur ta tronche de lièvre d'or. Alors oui, tu as et tu vas sûrement encore rencontrer quelques galères mais telle Dora l'Exploratrice, tu vas trouver des solutions car renoncer n'est pas Dewoods 😉
Alors MERCI aussi de jouer de ton statut d'Influenceuse (je sais que tu kiff ce mot aha) pour en parler car il serait dommage que ceux pour qui ce n'est qu'un petit passage à vide filent à des centaines de km pour se dire au bout de 2 semaines qu'ils ont fait le pire choix de leur vie.
J'ai hâte de te retrouver autour d'un trail (et d'une raclette). Miss u petit Bunny.
Bravo Camille pour ce billet très bien écrit et réaliste, car tout n’est jamais tout rose d’un côté comme de l’autre.
Où que ce soit, je te souhaite une belle continuation 😘
En lisant le titre de ton article je me suis demandée dans quel état tu étais. Certainement pleine de doutes. Et au fond, je te retrouve pleine d’espoir en lisant les dernières lignes. Tu as eu beaucoup de courage en prenant ta décision, et surtout en la réalisant. Je me doute que ce n’est pas simple et tu l’expliques très bien dans cet article très bien écrit. Peut-être que tu devrais songer à écrire un livre, du haut de tes montagnes 😉
En attendant je te fais plein de bisous. Tiens bon, il faut encore que j’en vienne te voir !
Hello ma chérie,
Ooooh oui viens me voir !! Merci beaucoup pour ton soutien, pleine d’espoir, parfois de doutes…on verra bien ce que tout ça va donner mais je n’aurais pas de regrets au final !
Héhé..tu sais que tu as du flair, j’essaie en effet d’écrire quelques lignes par ci par là.
Bisous à très vite j’espère!
Camille
Tout simplement génial !
Super bien écrit, plein d’humour et de réalité.
Ça mériterait d’être publié !
🎉
Hello Camille,
Merci beaucoup ça me touche énormément 😀
Bonne journée
Bravo Cam pour cette article très intéressant! Biz