Au-delà du mal, j’en avais vaguement entendu parler il y a quelques années. Grande amatrice de romans policier et thriller bien sanglants, je savais vaguement que c’était l’un des ouvrages de référence du genre. Préférant à Shane Stevens des auteurs plus “mainstream” comme Maxime Chattam je n’avais cependant jamais été lire les premières lignes du roman.
Jusqu’à le croiser dans une boîte à livres, au détour d’une rue annécienne et à me dire “ ok là, il est pour moi”. Je n’avais pas fait le lien tout de suite d’ailleurs, jusqu’à lire sur la couverture :
« Je le recommande sans réserve » Stephen King
Si le King du genre l’approuvait, raison de plus pour me lancer à l’assaut de ces 887 pages. Un marathon littéraire assez costaud, que je recommande malgré quelques imperfections dues notamment au » grand âge » de cet ouvrage, écrit en 1979 et un des premiers du genre.
Mes autres avis littéraires :
Résumé :
“ À 10 ans, Thomas Bishop est placé en institut psychiatrique après avoir assassiné sa mère. Il s’en échappe quinze ans plus tard et entame un périple meurtrier particulièrement atroce à travers les États-Unis. Très vite, une chasse à l’homme s’organise : la police, la presse et la mafia sont aux trousses de cet assassin hors norme, remarquablement intelligent, méticuleux et amoral.
Les destins croisés des protagonistes, en particulier celui d’Adam Kenton, journaliste dangereusement proche du meurtrier, dévoilent un inquiétant jeu de miroirs, jusqu’au dénouement captivant.”
Mon avis sur Au–delà du mal de Shane Stevens
Je parle bien d’avis ou de ressenti, puisqu’un livre est perçu différemment par tout à chacun, il n’y a pas de consensus universel.
Je le conseille bien entendu aux amateurs du genre thriller, roman noir ( très noir ) et aux fans de tueurs en série. C’est un livre qui tient en haleine, un peu trop longtemps certes, et reste l’un des précurseurs du genre. Il tiendra éveillé quelques nuits les marathoniens littéraires les plus impatients.
Néanmoins, si je devais vulgairement retranscrire mon ressenti je dirais que la lecture de ce roman m’a fait le même effet qu’un bon gros repas de fête de Noël ( ça tombe bien c’est d’actualité). Au tout départ je me suis jeté sur les premières pages, dégustant le récit et en redemandant encore et encore. Jusqu’au moment où j’ai finis par être rassasiée, de meurtres, d’intrigues et d’intrigues qui tournent en rond et pressée d’arriver à la fin. La fin m’a paru longue et je dirais que les 200 dernières pages ont été lues par acquis de conscience et par envie de connaître le dénouement, mais avec beaucoup moins d’appétit.
Citations
“ Le soir il se gobergea jusqu’à l’épuisement et s’endormit devant une émission de télévision où il était question d’un double viol commis par une bande de voyous, d’un cadavre, gisant dans son sang, et filmé à grand renfort de plans serrés, d’un enfant balancé du quatrième étage par un de ses parents et d’une fusillade entre la police et un preneur d’otages – le tout en moins d’un quart d’heure. L’émission s’intitulait LE JOURNAL TÉLÉVISÉ DU SOIR. “
“ Soudain, brusquement, sans avertissement ni signe précurseur, elle qui avait été la vie, qui avait donné la vie, qui avait contenu la vie, fut sans vie.”
Les points forts :
Jeu de pouvoir, manipulation de l’information, rôle des politiques et des journalistes, dans ce thriller il est passionnant de voir les rouages et personnalités qui se cachent derrière toute cette actualité macabre. Là où habituellement les romans du genre nous habituent à un trio “ tueur en série – policier – héros “ ou un duo “ tueur en série – policier” là se joue un jeu de rôles avec de multiples acteurs qui s’avèrent tous aussi complexes les uns que les autres. La police est presque relégué au second plan, le rôle joué par les médias est brillamment dépeint et on voit avec consternation cette situation dramatique être reprise avec délice par politiques et passionnés de macabres.
La psychologie, vécu aux premières loges puisque le récit est directement dépeint avec le point de vue de chaque personnage. On y découvre ainsi un psychopathe à l’enfance difficile, un journaliste paumé, et de multiples personnages bouffis d’orgueil pour lesquels la mort de dizaines de femmes est au choix : un merveilleux tremplin politique, un scoop d’enfer, une incroyable performance. C’est cynique, et froidement décrit.
Le style est en effet très minimaliste, presque clinique. Le psychopathe réduit ses victimes en bouilli et l’auteur décrit ça comme une recette de kouglof. D’une manière crue, insensible, cliniquement sanguinolente et très détachée. Il nous emmène petit à petit dans son esprit dérangé, le décortique en tout objectivité et ne prend pas partie. Enfant traumatisé, monstre froid il nous embarque dans cet esprit dérangé et nous laisse peu de temps pour l’empathie entre deux meurtres.
Peine de mort, jeux de pouvoir, corruption, qui sont les plus cruels entre celui qui commet le meurtre et ceux qui surfent dessus pour leu propre intérêt. L’auteur nous embarque dans plusieurs réflexions, plus ou moins assumées mais très bien menées.
Le rythme : On passe d’action en action, de protagonistes en protagonistes. Pas le temps de s’ennuyer quand un sociopathe sanguinaire sévit, il est hyper actif, l’auteur aussi. On passe de lieux en lieux, les crimes sont froidement exécutés, sans avoir le temps de trop pleurer sur les pauvres filles puisque l’action est déjà ailleurs. C’est rythmé, parfois un peu trop car entre toutes les intrigues et tous les protagonistes on finirait presque par s’y perdre.
Les points faibles :
Une image de la femme très, très réductrice. Stevens est né en octobre 1941 et écrit Au-delà du mal (By Reason of Insanity) en 1979. Personnellement, mais ce n’est que ma vision, je pense que si le livre sortait à nouveau à notre “époque” on y noterait d’office l’image hyper réductrice, caricaturée et totalement de “la femme” qui est bonne à … être réduite en charpis, être un objet sexuel, à jouer le rôle de l’hystérique ou à comploter dans le dos des hommes. Autre époque, autre genre il est difficile au travers de ces 887 pages de ne pas finir par notre ce côté un peu misogyne et réducteur. Bref c’est un roman écrit par un homme, où les hommes sont rois et les femmes des maîtresses, des mères, des potiches ou des cadavres. Joie.
C’est long ! Long et parfois redondant. On a compris les mécanismes, ses astuces… à la fin j’ai vraiment eu ce sentiment d’épuisement du “ ok on a compris, maintenant il faut y aller einh !”
Bref je recommande tout de même Au-delà du mal de Shane Stevens, qui reste un classique, un peu vieillissant certes !